samedi 1 avril 2017

Méditation et hypnose


Antoine Lutz, chargé de recherche au Centre de recherche en neurosciences de Lyon (CRNL) travaille sur le rapprochement des recherches sur la méditation et sur l’hypnose.

«Imaginons le cerveau comme un orchestre de jazz où chaque musicien joue d'un instrument différent pour aboutir à un morceau cohérent», propose Antoine Lutz, docteur en neurosciences cognitives, responsable de la recherche. «Les différentes régions du cerveau sont spécialisées dans certaines fonctions comme les émotions, le goût, l'odorat, la mémoire... Elles doivent se synchroniser entre elles, comme les musiciens de jazz le font lorsqu'ils improvisent. La présence d'ondes gamma reflète la coordination à travers le cerveau de ces différents modules.»
L'augmentation exceptionnelle des rythmes gamma dans le cortex frontal, observée chez les méditants expérimentés, indique que ces régions jouent un rôle important dans la génération de cet état.
«Ce n'est pas surprenant, puisque ces régions sous-tendent des fonctions mentales complexes, comme la pensée abstraite, la capacité d'apprentissage mais aussi les actions volontaires», commente Antoine Lutz. Mais ce n'est pas la seule zone concernée, l'étude montre une activation d'un grand nombre de régions et notamment des aires pariétales. Suggérant ainsi une synchronisation à longue distance entre ces zones. La méditation générerait donc une forte coordination entre plusieurs régions du cerveau.
«Nous pensons que le degré de synchronisation reflète l'entraînement des sujets, relève Antoine Lutz. Cette cohérence de l'activité cérébrale repose probablement sur une réorganisation des connexions cérébrales. Par ailleurs, la corrélation chez les pratiquants entre le taux élevé des ondes gamma avant la méditation et le nombre d'heures de pratiques suggère un effet à long terme de la méditation sur le cerveau. Nous avons aussi constaté une augmentation des ondes gamma après la méditation. Cela implique un impact à court terme sur la dynamique cérébrale.»
Il s'agirait donc d'une réorganisation du cerveau due à l'entraînement mental.


  
Antoine Lutz. cherche à établir maintenant des ponts entre l’hypnose et la méditation, deux approches mentales différentes mais qui se rejoignent sur certains objectifs, notamment la gestion de la douleur et du stress. Avec d’autres chercheurs nous mettons en place un cadre phénoménologique qui nous permettra de comparer les deux approches en faisant varier différentes dimensions de l’expérience.
La méditation
La méditation de pleine conscience cherche à opérer un « décentrage cognitif », processus mental qui consiste à prendre conscience de ses pensées et de ses émotions, et de les mettre à distance pour s’ancrer dans le présent. Elle permet, par exemple, chez des sujets dépressifs d’éviter la rumination des idées négatives.
 L’hypnose
 L’hypnose, de son côté, repose sur le pouvoir de la suggestion. Elle consiste à utiliser la faculté de notre esprit à rendre les choses « réelles ». On parle alors d’état modifié de conscience. L’hypnose permet ainsi de réduire l’activité des zones corticales traitant la douleur et de suractiver les zones facilitant l’imagerie mentale. C’est ainsi qu’un sujet sous hypnose peut être opéré sans anesthésie profonde. N’étant plus informé de son mal et s’évadant dans l’imaginaire, il ne souffre plus.

recherche à suivre